Matt Anderson Quartet / Live at Leeds Jazz festival

Live At Leeds Jazz Festival
Matt Anderson - Live At Leeds Jazz Festival
(Année de sortie: 2024 / Label : Hidden Threads Records
)
Matt Anderson (s) - Alberto Palau (p) - Jay Davis (d) - Will Harris (b)

Liste des titres : The Conversation ; New Old Blues ; Northern Journey ; Green Shoots ; Mr Weird ; Teleforce.

Pour apprécier la synergie et l'esprit d'un groupe, il est souvent utile de l'entendre jouer en direct. La qualité de leur jeu et leur capacité à interagir sont alors mises à nu.
Le Matt Anderson Quartet, qui a passé près d'une décennie à tourner et à enregistrer ensemble, peut le faire en toute confiance en publiant son premier enregistrement en public. 
Live at Leeds Jazz Festival a été réalisé au HEART à Headingly dans le cadre du 2023 Leeds Jazz Festival. Il comprend deux titres de l'album précédent du groupe, The Town and the City (Hidden Threads, 2022). On y trouve également quatre nouvelles compositions d'Anderson.
La qualité du son (grâce à l'ingénieur du son James Hamilton) est excellente. 

Les membres du groupe se sont rencontrés alors qu'ils étudiaient à la Royal Academy of Music, où Anderson enseigne aujourd'hui. Il se compose du bassiste Will Harris, du batteur Jay Davis et du pianiste Alberto Palau. À eux trois, ils ont partagé des studios ou des scènes avec des artistes tels qu'Alex Hitchcock, Charles McPherson et Ivo Neame. 
L'énergie qui se dégage de l'album s'ouvre sur "The Conversation".
Davis et Harris définissent un rythme complexe d'influence africaine, le sax ténor animé d'Anderson s'élève et crée un contraste avec le piano aux douces sonorités de Palau. "New Old Blues" porte un titre parfait, avec une ambiance bluesy et décontractée de fin de soirée. L'ensemble dégage une atmosphère vintage et un swing sulfureux. Les changements de tempo sont bien gérés et les solos de piano et de basse sont inventifs. 

La composition de Palau, "Northern Journey", était l'une des plus remarquables de l'album précédent. Elle fait une transition en douceur vers un concert en direct et s'ouvre sur un saxophone plaintif qui mène à l'excellent travail de Harris à la basse. Palau et Davis jouent des combinaisons qui suggèrent le mouvement, tandis que le saxophone soprano d'Anderson explore des paysages sonores influencés par la musique folklorique et que le solo de Palau brille.

Comme le montre l'entraînant et optimiste "Green Shoots", le quartet utilise son talent pour sonner frais et contemporain tout en portant fièrement ses influences des années 1950 et 1960. 

Suit un hommage à Wayne Shorter. Nommé d'après son surnom à l'école, "Mr Weird", le groupe capture délibérément des phrases et des espaces dans sa musique pour faire écho au type d'ambiance que Shorter pouvait créer.
Le set se termine avec Anderson qui montre des influences de Kenny Wheeler dans "Teleforce". Davis attire l'attention par ses remplissages de batterie et sa conversation avec le saxophone.
L'interactivité du quartette fait de ce concert un événement exceptionnel. Individuellement et collectivement, les performances sont de premier ordre. Anderson s'inspire de Wheeler, Sonny Rollins et George Coleman, mais y ajoute sa propre fraîcheur et son approche ouverte, avec une sonorité vibrante et chaleureuse. Le matériel est bien choisi et séquencé, ce qui rend l'écoute captivante.


Jeudi 4 avril 2024, par Émilie Jouanneau