Meditations on Mingus / Ethan Philion

Meditations on Mingus
Meditations on Mingus / Ethan Philion
(Année de sortie : 2022/ Label : Sunny Side Records)


Ethan Philion (b) - Russ Johnson (trp) - Victor Garcia (trp)
Rajiv Halim (cl) - Geof Bradfield (ts) - Max Bessesen (ts) - Norman Palm (trb)

Brendan Whalen (trb) - Alexis Lombre (p) - Dana Hall (d)

Liste des titres : Once Upon a Time There Was a Holding Corporation Called Old America
 Haitian Fight Song ; Self- Portrait in Three Colors ; Pithecanthropus Erectus
Prayer for Passive Resistance ; Meditations on a Pair of Wirecutters
Remember Rockefeller at Attica ; Better Git It In Your Soul


Cette réinterprétation du songbook de Mingus confirme la puissance évocatrice et l'actualité de ces compositions. Le choix d'Ethan Philion s'est porté sur des pièces qui témoignent de l'engagement civil et politique du contrebassiste de Nogales et qui sont particulièrement d'actualité. 
Le disque s'ouvre sur un morceau au titre emblématique, "Once Upon A Time There Was A Holding Corporation Called Old America", que Charles Mingus n'a jamais enregistré en studio mais qui est présent dans l'enregistrement live (depuis longtemps introuvable) At Ucla 1965, réalisé lors du Monterey Festival de 1965. 
Le choix de Philion réactualise un choix que Sue Mingus avait déjà fait en 1999 avec l'album Blues & Politics du Mingus Big Band, qui reprenait d'autres thèmes de son engagement citoyen comme "It Was A Lonely Day In Selma, Alabama". 
Pour ce projet - dont l'enregistrement remonte à septembre 2021 - Ethan Philion a réuni un tentet d'excellents instrumentistes qui interprètent avec passion et dévotion les compositions de Mingus, réarrangées par Philion lui-même. Il manque à Mingus ce qui ne peut être reproduit (c'est-à-dire l'atmosphère fiévreuse et convulsive des originaux), mais il y a beaucoup de proximité. Le charme mélodique et l'équilibre harmonique l'emportent, mais les ouvertures avancées ne manquent pas, les solos sont impétueux et les riches percussions de Dana Hall soutiennent fortement les interprétations. 
L'album gagne en intensité à partir de la seconde moitié. Parmi les moments les plus heureux, citons le serré "Prayer For Passive Resistance", avec l'intervention exemplaire du jeune saxophoniste de Chicago Rajiv Halim. Le développement articulé de "Meditation For A Pair Of Wirecutters" et la conclusion passionnée de "Better Git It In Your Soul" ne sont pas moins convaincants.


Lundi 4 juillet 2022, par Nicolas Fontenoy